Quand l’art rejoint la science pour parler du climat

Expertises Climat a appuyé l'organisation d'une Ecole d'hiver "Arts & Sciences face au changement climatique" à l'école de Physique des Houches, près de Chamonix. Un événement qui a réunit 70 scientifiques et artistes pendant 5 jours pour comprendre l'importance du sensible et des imaginaires dans la transmission d'informations scientifiques sur le climat.

En 2025, Expertises Climat explore de nouveaux chemins, au-delà des médias traditionnels, pour transmettre la connaissance scientifique sur les crises écologiques. L’association a appuyé l’organisation d une résidence d’une semaine réunissant 70 artistes, scientifiques et médiateurs près de Chamonix, dans un écosystème alpin marqué par les effets du dérèglement climatique.

Cette résidence, pilotée par les chercheurs Davide Faranda et Aglaé Jézéquel, membres du réseau Expertises Climat, interrogeait la place des récits, des émotions et des formes sensibles dans la transmission des savoirs scientifiques. Une question qui entre en résonance avec notre mission de médiation entre chercheurs et journalistes : comment toucher un large public avec les savoirs ? Quel rôle pour les imaginaires dans la mobilisation écologique ? Et comment l’art peut-il aider les scientifiques à surmonter l’incompréhension, parfois douloureuse, de leur message ?

Ce que nous en retenons ? Que les artistes et les scientifiques ont tout à gagner à unir leurs forces pour redonner à la société des récits capables de transformer notre rapport au monde.

Climatologues, économistes, philosophes, géographes, plasticiens, comédiens, scénaristes, conteurs, danseurs… se sont côtoyés dans des ateliers, conférences et moments conviviaux. Ce brassage faisait partie de l’impact recherché. Nous avons vu défiler en vidéo une décennie d’émissions de CO2 ; comparé nos consommations d’énergie à celle produite par les cuisses (immenses) de Robert, un cycliste allemand ; découvert Dune comme un grand récit de pénurie énergétique. Nous avons écouté les témoignages de paysans péruviens, débattu des revirements politiques mondiaux, pleuré devant les œuvres d’artistes qui racontent ce monde qui s’effondre.

Les émotions ont été au cœur de la semaine. Trop souvent mises à distance dans le monde scientifique, elles sont pourtant essentielles pour toucher, convaincre, mobiliser. Apprendre à les écouter et à les doser peut renforcer la portée d’un message. L’art aide à cela. Parfois même, ce sont les artistes — et non les scientifiques — qui sont les meilleurs passeurs. Les films, séries, romans ou jeux vidéo peuvent embarquer les publics dans une “pédagogie clandestine”, selon l’expression de Valérie Zoydo, en glissant des imaginaires transformateurs dans des récits accessibles.

« À la fin de cette résidence, j’étais à la fois heureux et triste, c’est difficile à expliquer. » Ce témoignage d’un participant dit sans doute l’émotion collective vécue durant cette École d’hiver. 100 % des répondants au questionnaire de satisfaction s’estiment satisfaits ou très satisfaits, et près de 70 % envisagent de futures collaborations entre art et science. L’envie de renouveler l’expérience est largement partagée.

Cette école a été rendue possible par le soutien de plusieurs financeurs, dont des institutions et programmes de recherche soutenus par le programme France 2030, la MACIF qui finance une Chaire à l’ENS, et la Fondation Daniel et Nina Carasso.

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